Dialogue avec Saint-John-Perse

Publié le par Polixène

 

 C'est dans le cadre d'un exercice lancé sur Vos Ecrits, site de littérature et atelier, que j'ai écrit  ces quelques vers. Consigne: dialoguez avec un auteur de votre choix

 

 

(Auriez-vous pardonné, Alexis, cette très haute présomption? J'en assume le ridicule.)


"Vents" IV, 1 .extraits.

(...)
Mais quoi! N'est-il rien d'autre, n'est-il rien d'autre que d'humain? Et ce parfum de sellerie lui-même, et cette poudre alezane qu'en songe, chaque nuit,
    Sur son visage encore promène la main du Cavalier, ne sauraient-ils en nous éveiller d'autre songe
   Que votre fauve image d'amazones, tendres compagnes de nos courses imprégnant de vos corps la laine des jodhpurs?

   Nous épousions un soir vos membres purs sur les pelleteries brûlantes du sursaut de la flamme,
   Et le vent en forêt nous était corne d'abondance, mais nos pensées tenaient leurs feux sur d'arides rivages,
 Et, femmes, vous chantiez votre grandeur de femmes aux fils que nous vous refusions...



Vous étiez, hommes,
les fils impétueux du vent et de l'aurore : vos rêves sans limites nous enseignaient le bleu.


Amour, aviez-vous donc raison contre les monstres de nos fables?
 Toujours des plaintes de palombes repeupleront la nuit du Voyageur.
Et qu'il fut vain, toujours, entre vos douces phrases familières, d'épier au très lointain des choses ce grondement, toujours, de grandes eaux en marche vers quelque Zambézie!


Vous fûtes de torrents, nous fûmes de rivages, et la menthe des mots infusait nos breuvages.

De grandes filles nous furent données, qui dans leurs bras d'épouses dénouaient plus d'hydres que nos fuites.
 Où êtes-vous qui étiez là, silencieux arôme de nos nuits, ô chastes libérant sous vos chevelures impudiques une chaleureuse histoire de vivantes?


Nous voici! Nous voici! Nous menons le convoi, 
Nous les Mères, les Sœurs, Filles de Hautes Peines et de pures pensées, prenant les rênes, face au vent, guidant les enfants vers la Joie.


Vous qui nous entendrez un soir au tournant de ces pages, sur les dernières jonchées d'orage, 
Fidèles aux yeux d'orfraies, vous saurez qu'avec vous

 Nous reprenions un soir la route des humains.



Nous saurons désormais, Poète, ô Visionnaire, 
Que vous étiez en nous sur la crête des jours;
Au sel plus rouge des hivers, votre Chant a germé en nous.

 

 

Polixène

Zao Wou-Ki

Zao Wou-Ki

Publié dans P...poésie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article